Le 19 mai : fête de Saint Yves
✞ 1303
Défenseur des pauvres, saint patron des juristes et de la Bretagne
Qui est-il ?
Dame Auzou se tourne vers Jean Kergoz, un jeune garçon qui veut être prêtre.
« Jean, mon fils Yves sera un saint. Cela m’a été révélé en songe. »
Nous sommes en 1253, en Bretagne, au manoir de Kermartin, près de Tréguier (22). Yves grandit à l’ombre des arbres du manoir et passe ses journées aux champs, à courir dans les sentiers bordés de genêts et à barboter dans les ruisseaux. Il rencontre un jour un petit paysan qui marche pieds nus. Il s’arrête, enlève ses chaussures et les lui donne. Les parents se demandent si leur fils sera un preux chevalier …Dans son coeur, la maman, Dame Auzou, désire qu’il soit prêtre.
Jean kergoz accompagne chaque jour l’enfant auprès du recteur qui lui donne des cours. Yves est un élève brillant. À quatorze ans, il part à Paris, avec Jean, pour étudier le droit.
A Paris, plus de vingt mille étudiants suivent les cours de maîtres renommés. Beaucoup sont turbulents, buveurs. Yves se tient à l’écart et préfère aider ses camarades pauvres. Il partage tout, ses livres, l’argent envoyé par ses parents, ses vêtements.
Après six années à Paris, il se rend à Orléans pour continuer ses études. Il est nommé official à l’évêché de Rennes, autrement dit juge au tribunal de l’Eglise. S’il le voulait, il pourrait vivre dans le luxe. Il ne le veut pas. Il porte des vêtements simples faits d’une étoffe grossière et de gros souliers. Dans la salle à manger de l’évêché, il accueille les pauvres et les sert à table. Lui se contente d’un peu de pain, de légumes et d’eau claire.
Au bout de 18 années ; il retourne vers Tréguier, son pays. Il part à pied, avec son fidèle serviteur. L’évêque de Tréguier nomme Yves official du diocèse. Et lui dit de devenir prêtre ainsi il lui donnera également une paroisse en charge. Même si Yves se trouve indigne d’être prêtre, il obéit. Donc tout en restant juge, il devient recteur d’une petite paroisse, Tredez.
Quand on est juge, ramener la paix entre ceux qui portent plainte n’est pas facile !
Un ancien camarade d’Yves est en procès avec son beau-père à propos d’un terrain.
– Pour l’amour de Dieu, réconciliez-vous, demande Yves.
Laissez-moi arranger votre affaire à l’amiable.
– Pas question !
– Soit, je vais célébrer pour vous la messe du Saint-Esprit. Restez prier avec moi.
À la fin de la messe, les deux plaignants, émus, s’avancent vers Yves.
Pendant la messe, leur coeur s’est transformé.
– Messire, nous nous soumettons d’avance à votre jugement, disent-ils.
Les voilà réconciliés !
A la mort de ses parents, comme il est l’ainé de la famille, il a hérité du manoir de Kermartin. Là, il fait cuire de grandes quantités de pain pour les affamés et il distribue la nourriture lui-même. Il fait construire un refuge près du manoir pour héberger tous les pauvres qui se présente. Un jour, un miséreux qui vient de manger à table, se retourne avant de sortir et dit :
– A Dieu, que le Seigneur soit avec vous.
Et il apparait à Yves resplendissant de beauté et tout blanc vêtu. Yves s’agenouille et, les yeux pleins de larmes, murmure :
– C’est un messager de Notre Seigneur qui est venu nous visiter.
Un soir, messire Yves ouvre sa porte à une famille de bohémiens. Le père est bien malade et ne tarde pas à mourir malgré les soins qu’on lui donne. Que vont devenir sa femme et ses 4 enfants ? Yves n’hésite pas, il les garde chez lui. La pauvre femme devient pour lui une servante dévouée. Puis Yves est nommé à la cure de Louannec plus proche de Tréguier. Avec tristesse, il constate que ses nouveaux paroissiens ne vont pas à la messe et vivent mal. Il leur rend visite, parle avec eux, leur rend des services et gagne ainsi leur confiance.
– Voilà le saint prêtre, chuchotent les gens sur son passage.
Yves parvient à convaincre un riche seigneur qui ne pense qu’à ses plaisirs, à partir à pied en pèlerinage à Rome. Quand cet homme revient, il a changé totalement : il distribue son argent aux pauvres et mène une vie exemplaire.
Yves accompagne ses paroissiens quand ils se rendent en procession dans l’une des chapelles construites en l’honneur des saints bretons. On fait la route à pied ; derrière la croix de procession et les bannières richement brodées, en chant des cantiques et en récitant des prières, surtout le Notre père.
Par tous les temps, Yves visite les malades, confesse, porte la communion aux mourants. Ses cheveux ont blanchi, son dos s’est voûté. Il doit renoncer à sa charge d’official. Il est épuisé.
Le mercredi 15 mai 1303, il célèbre sa dernière messe et, à l’aube du dimanche 19 mai, il part au ciel. En mai 1347, le pape Clément VI le proclame saint. L’Eglise le fête le 19 mai. Tous les ans se déroule à Tréguier le Grand Pardon et la procession se dirige ensuite vers la cathédrale.
Yves est le saint patron des juristes, en particulier des avocats, et de la Bretagne avec Sainte Anne.